Test : Deus Ex – Human Revolution
Deus Ex premier du nom est l’un des enfants de Warren Spector – père de Thief et de System Shock – ayant révolutionné le monde du jeu-vidéo au cours des années 2000. Riche de par sa complexité scénaristique et son gameplay varié, il a su s’imposer comme étant la référence du FPS-RPG. Suite à la sortie d’un second épisode intitulé Invisible War – d’ailleurs assez navrant – il y a 7 ans, Eidos Montréal tente aujourd’hui de reprendre en main les rênes de Ion Storm et de redorer le blason de la licence Deus Ex.
Année 2027 ; période de grande innovation et d’avancée technologique. Les conjonctures actuelles font que les entreprises détiennent désormais bien plus de pouvoir que le gouvernement. Le monde tel que nous le connaissons sombre lentement dans un chaos organisé par plusieurs conspirations mondiales. L’avènement du transhumanisme lié aux avancées cybernétiques et bio-organiques interfère déjà sur l’évolution de la race humaine et balaye les esprits. L’humanité subit une révolution.
C’est au sein de ces conditions futuristes dignes d’un roman d’anticipation que débute l’histoire d’Adam Jensen, ancien agent du SWAT, reconverti dans la sécurité privée chez l’un des leaders en matière de biotechnologies, augmentations mécaniques et implants : Sarif Industries.
Au cours d’une offensive engagée contre son entreprise, Jensen se retrouve gravement blessé. Ses lésions et fractures risquant de lui coûter la vie, Sarif – Directeur de Sarif Industries – décide d’avoir recours aux implants et modifications de dernière technologie pour préserver l’un de ses meilleurs agents d’une mort certaine. De nombreux éléments du corps d’Adam sont remplacés – bras, jambes, cage thoracique – ce à quoi s’ajoutent implants neuraux et optiques. Six mois seulement après ces évènements, Jensen est à nouveau habilité à reprendre du service. Il est convié au bureau de Sarif pour une mission de sauvetage, une usine de la multinationale est la cible d’une attaque terroriste. Envoyé sur le terrain, Adam va se retrouver projeté dans une investigation mondiale.
C’est donc au cœur d’un monde mutilé où les bio-modifications s’immiscent peu à peu dans les mœurs – bien que l’humanité soit y soit encore en partie réticente – que les évènements de Deus Ex : Human Revolution se déroulent, soit 25 ans avant le premier opus. L’arrivée des évolutions cybernétiques et bio-organiques divisent déjà l’humanité, c’est à travers l’avènement d’un schisme que vous réaliserez vos premiers pas. Cette disparité d’opinion se creuse surtout en raison des conditions sociales de chacun. En effet, les augmentations sont coûteuses, tout comme la neuropozine – produit permettant de ne pas faire de rejet. Adam ne possède pas encore de parti très solide quant à ce nouveau problème d’identité mondiale même s’il se montre légèrement réservé face aux modifications humaines. Il sera d’ailleurs possible de faire évoluer le fil de cette pensée au cours de nombreuses scènes interactives à travers lesquelles vous serez amenés à convaincre et persuader vos interlocuteurs. Le joueur, libre dans ses décisions, se forgera un avis face aux bio-modifications et à leurs conséquences sur l’avenir de l’humanité.
Si vous êtes joueurs du premier épisode, attendez-vous à quelques changements mineurs parfois gênants. Comme tout jeu-vidéo, Deus Ex : HR s’est imbibé de quelques touches contemporaines du domaine. Certains y trouveront leur compte, d’autres – aficionados du genre – verront cela comme une insulte. La chose qui – majoritairement – scandalise le plus reste le regain de santé à la Call of Duty. Oubliez vos sachets de nouilles déshydratées ou le soja lyophilisé, il ne vous sera plus possible de vous soigner. La santé remonte seule, et il n’y a pas d’autre choix, sauf si l’on prend en considération les « boosts » de santé. Le second changements marquant est la disparition du lean qui était – il faut le souligner – un renforcement dans l’immersion du joueur. Terminé les pincements au coeur ou les petites montées d’angoisse lorsque – au coin d’un couloir – l’on se penchait pour vérifier si ce dernier était bien sûr. Désormais, le système de couverture propre aux blockbusters remplacera ce système jugé désuet. Autre chose, on notera la présence d’une aura orangée formant le contour d’objets importants, mais ce dernier «défaut» est désactivable à travers les options.
Au niveau de l’ambiance et de la direction artistique, Eidos Montréal a su retransmettre de nombreuses émotions grâce à des zones variées au caractère singulier. Des sombres rues et ruelles de Détroit – où réside la classe sociale la moins favorisée – en passant par la ville arcologique et malfamée d’Hengsha, le jeu vous plongera de toutes parts au sein d’univers inspirés par le mouvement cyberpunk. Chaque ville dispose d’une atmosphère qui lui est propre, et la population locale contribue – malgré la répétition à outrance de certains visages ou voix – à l’immersion grâce à de nombreux dialogues qui s’avéreront être de temps en temps de bons conseils. S’il y a une chose que l’on peut reprocher coté visuel, c’est l’utilisation intempestive de couleurs et tons jaunâtres – quoi qu’elle sied à merveille la plupart du temps à cet univers. Gageons toutefois que cela reste un choix méthodique et volontaire de la part de l’équipe d’Eidos Montréal.
Malgré un retour aux sources visible, le gameplay de Deus Ex : HR ne surpasse pas son aîné en la matière. Certes, le nouveau système de couverture offre bien des avantages, mais certains points auraient pu être améliorés. Pour commencer, l’inventaire semble un brin trop modeste comparé au premier épisode, et le portage sur console se ressent. Viennent alors les bio-modifications. Là, chacun pourra porter son jugement. Me concernant, certaines sont inutiles ou trop situationnelles pour être améliorées, et leur nombre n’est pas suffisant. De plus, le coût en énergie semble avoir disparu sur plusieurs modifications, notamment le filtre pulmonaire permettant de respirer les gaz toxiques. Autre chose en rapport avec ces augmentations, il est dommage que certaines ne soient pas indispensables pour accéder à quelques endroits bonus, il existe toujours deux solutions dans ce cas.
Autres reproches : l’intelligence artificielle. Non-contente de posséder une précision mortelle, celle-ci fonce souvent tête baissée vers les cadavres alliés sans chercher une seule fois d’où le tir provenait. Le résultat est que – si l’on cherche à réaliser certains succès Steam – l’alarme sera facilement donnée, et qu’il faudra charger sa sauvegarde précédente à plusieurs reprises. Malgré cela, il arrive aussi quelquefois que l’on assomme une cible à moins d’un mètre d’une autre sans que celle-ci s’en aperçoive. Enfin, une dernière imperfection : les conduits d’aération ! Tous les même. Et il y en a bien trop. Résultat, le plaisir est souvent gâché lorsque l’on cherche à rester furtif et l’on se cantonne sans arrêt à d’inlassables visites de conduits métalliques.
Néanmoins, le level-design offre tout de même une très bonne liberté dans la plupart des situations. Il vous sera donc possible de mener différentes approches au cours du jeu. Que vous soyez adepte de la furtivité et des attaques non-létales ou qu’au contraire les grenades et autre arsenal lourd soient votre passion, il y en aura pour tous les goûts. A cela s’ajoute l’ingénieux système de piratage ou de persuasion, bref, les tactiques de cheminement sont nombreuses. Le jeu repose sur des choix, et cela se ressent jusqu’aux dernières minutes. De plus, les zones ouvertes comme les villes sont gigantesques – en particularité Hengsha – et regorgent d’endroits à explorer, chose qui satisfera grandement les joueurs aimant flâner et gambader.
32 heures de jeu. Voilà ce que Deus Ex : Human Revolution m’a offert. Doté d’indéniables atouts, le jeu d’Eidos Montréal a tout pour plaire malgré quelques changements dus à la modernité. Chaque joueur y développera sa propre expérience, approche et choix. Le jeu jouit d’une trame scénaristique complète merveilleusement enrichie par divers carnets, notes, émissions, journaux que l’on pourra découvrir au fur et à mesure. A cela se rajoute des personnages persuasifs et éloquents qui joueront des rôles essentiels. En revanche, n’oubliez pas d’activer la bande son originale, car le doublage français est tout sauf convaincant. Et la voix «badass» d’Adam y est indéniablement bien meilleure de toute façon.
Enfin, n’oubliez pas de jeter un oeil à la galerie.
Le Pixel
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